En moyenne, les fruits et légumes parcourent en Europe plus de 1500 km entre le lieu de production et le consommateur (
source). Cette distanciation, en plus de polluer l’environnement à cause du transport, implique que les aliments doivent subir des transformations qui dégradent leur qualité (nutritionnelle, gustative et sanitaire) afin d’être conservés. Dans un objectif de développer les circuits-courts, les micro-fermes urbaines représentent une solution. Consommer des produits locaux est aujourd’hui devenu pour beaucoup un enjeu essentiel, grâce à une prise de conscience généralisée. D’après un
sondage , 35 % des Français accordent davantage d’importance au caractère local de leurs aliments depuis le premier confinement. Pour répondre à cette exigence, nous pouvons penser à des structures comme par exemple les AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), qui permettent aux consommateurs, même citadins, d’acheter des paniers de produits issus de l’agriculture de proximité, locale et responsable, ou encore « la Ruche qui dit oui », une entreprise qui met également en relation directe les producteurs et les consommateurs. Cette dernière est parvenue à tripler son nombre de commandes en France pendant le confinement. Ces organisations connaissent cependant des controverses, certains leur reprochent notamment de promouvoir un modèle de vente directe alors qu’elles ajoutent en réalité un intermédiaire de plus dans le processus de commercialisation.
L’ultime étape de cette démarche de désintermédiation [verrou 6
LIEN] serait donc d’acheter directement nos denrées alimentaires auprès du producteur, voire de les produire nous-même. Pour cela, nous avons pensé à deux projets :
Le premier projet consiste à mettre en place des fermes urbaines permacoles. Les fermes urbaines se sont multipliées ces dernières années à Paris et dans ses alentours, sur les toits des immeubles ou dans des jardins partagés. La capitale abrite aujourd’hui la plus grande ferme urbaine au monde. Située dans le bois de Vincennes, cette exploitation de 5 hectares s’intégrant au territoire urbain permet d’approvisionner en ressources alimentaires un grand nombre de citadins. S’inscrivant dans les systèmes écologiques et économiques des villes et misant sur l’optimisation de l’espace, elles montrent qu’un localisme est possible, même en habitant en ville. Mais nous n’avons pas pour seul objectif de produire des aliments locaux, nous voulons aussi produire des aliments sains. Pour cela, ces fermes urbaines doivent être en accord avec les principes de la permaculture, un mode de culture résilient, holistique, qui a pour objectif de prendre soin des Hommes tout en prenant soin de la Terre. L’exemple phare de ferme qui a fondé ses méthodes de production sur les principes de la permaculture est la ferme du Bec-Hellouin en Normandie. S’opposant au modèle de l’agriculture intensive [verrou 3], la permaculture s’inspire des interactions présentes dans les écosystèmes naturels et repose sur l’utilisation du low-tech, la rénovation écologique des bâtiments, et la valorisation des déchets, ce qui serait compatible avec un environnement urbain. Notre projet est donc de combiner ces deux démarches pour mettre en place des fermes urbaines permacoles. En plus de favoriser la santé du citadin et de l’environnement, ces espaces de partage permettraient de recréer du lien social.
Le second projet consiste en l’autoproduction, depuis chez soi, de produits alimentaires. Bien que les citadins ne disposent pas de jardins, certaines plantes peuvent être cultivées en appartement. L’entreprise Culteev souhaite ainsi recréer un « jardin d’intérieur », en concevant des mini serres qui permettent aux utilisateurs de cultiver leurs propres herbes aromatiques en appartement/maison. Ils peuvent ainsi bénéficier de produits sans pesticides nocifs pour la santé et éviter les modes de culture et de transports habituellement employés pour la production d’herbes aromatiques [verrou 5]. Faire pousser ces plantes est également un moyen de se reconnecter avec le vivant et peut représenter une forme d’ergothérapie. Cette technologie autonome nécessite peu d’intervention de la part de l’utilisateur, et s’adapte à tout environnement, même un petit appartement peu lumineux, ce qui est parfaitement compatible avec la vie des citadins. Cette méthode reste cependant restreinte pour le moment aux herbes aromatiques, il s’agirait d’étudier si elle pouvait être étendue d’autres types d’aliments (fruits, légumes). De plus, bien que peu gourmande en ressources, cette technique nécessite toutefois de l’énergie pour alimenter les LEDs qui apportent l’énergie lumineuse aux plantes, qui ne grandissent pas sous la lumière du soleil. Certains considèrent donc plutôt cette technologie comme un gadget, car, bien qu’optimisant la quantité d’intrants, accélérant la croissance de la plante et représentant un gain de temps pour s’en occuper, la culture d’appartement d’herbes aromatiques est aussi tout à fait possible dans des conditions « naturelles ».