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Un récit socio-technique proposé par les étudiants d'Hutech

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CC BY-SA : Sarah BARET & Julie SAMPIERI
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Nous sommes en 2050, l’être humain est conscient de la fragilité de la planète et de la finitude des ressources naturelles. Le modèle économique repose sur la collaboration, l’autonomisation et le respect de l’environnement. Pour le numérique, la même approche est adoptée : les services sont développés selon une démarche socio-technique. Les technologies digitales n’encouragent pas la consommation de masse et ne sont plus designées pour rendre leurs utilisateurs dépendants. S’il n’est pas souhaitable ou nécessaire pour un domaine d’être numérisé, il ne l’est pas. L’approche adoptée dans le développement des technologies est inclusive et respectueuse de la vie privée, les logiciels sont libres et respectueux de l’environnement.

Seules des technologies respectueuses de l’environnement sont développées. La durée de vie des équipements est favorisée, toute forme d’obsolescence programmée qui pousserait à racheter de nouveaux appareils, a été abandonnée. La durabilité des technologies est devenue centrale dans les processus de conception et de fabrication. Pour cela, les services proposés sont accessibles à tous les usagers : ceux qui possèdent des appareils anciens, tout comme ceux qui possèdent des appareils d’entrée de gamme. Les équipements digitaux sont optimisés pour les conditions d’usage les plus difficiles (faible accès au réseau, peu de puissance de calcul, de mémoire, etc.). Le processus et les choix de conception sont documentés afin de faciliter la maintenance des services développés. Les ressources consommées sont précisément évaluées grâce à des méthodologies comme l'analyse du cycle de vie.

L’attention humaine n’est plus considérée comme une ressource à exploiter. Le droit à la protection de l’attention est inscrit au côté des droits de la personnalité dans le Code civil. Les enfants grandissent loin des écrans leur évitant ainsi des retards cognitifs avec notamment un développement du langage perturbé, des troubles de la concentration et du sommeil. Des havres de déconnexion sont apparus en ville, comme les jardins partagés ou les terres d’écologies populaires. Ces lieux ont été encouragés par des politiques urbaines qui ont aussi décidé de libérer la rue des espaces publicitaires au profit de la création d’espaces de partage. La valeur propre de l’attention est défendue libérant un nouvel horizon d’épanouissement.

L’accélération de la vie, étudiée par Hartmut Rosa, qui était ressentie notamment à cause des plateformes numériques exploitant l’attention et permettant une immédiateté omniprésente s’est dissipée en même temps que ces plateformes. En effet, au cours de l’époque moderne et contemporaine, avec les technologies de l’information entre autres, le rythme du changement social s’était accéléré et avait conduit à des mutations qualitatives dans notre perception de la réalité sociale. Dans cette nouvelle réalité plus ralentie, les citoyens ont donc plus de temps libre pour se consacrer à ce qu’ils aiment. Pour mettre fin à l’impératif de l’immédiateté, facteur d’une accélération aliénante, de nouvelles manières d’interagir en ligne se sont développées. L’immédiateté n’est plus le mot d’ordre et le ralentissement général permet aux utilisateurs redécouvrir l’expérience de la sérendipité par exemple.

Les fonctionnalités comme l’auto-play, les notifications ou le scroll à l’infini visant à capter l’attention de l’utilisateur et à le garder en ligne le plus longtemps possible ne sont plus autorisées et n’ont d’ailleurs plus lieu d’être. En effet, les plateformes ne reposent plus sur un système économique exploitant l’attention. Les données comportementales autrefois utilisées à des fins d’influence commerciales ou politiques n’existent plus. Ces données ne sont tout simplement plus récoltées et auraient de toute manière perdu en valeur, puisque le système économique ne repose plus sur la publicité, et en pertinence, car les utilisateurs ne passent plus autant de temps en ligne.

La vie privée de l’utilisateur est respectée, il n’est pas surveillé en permanence. Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) est devenu l’Interdiction Générale de la Récolte des Données Personnelles (IGRDP) et place la responsabilité du respect de cette prohibition sur le fabricant de technologie. L’article 25 prévoyant l’« interdiction de la récolte des données personnelles dès la conception » est toujours respecté évitant ainsi une collecte de données personnelles massive.

Les logiciels sont tous libres, c’est-à-dire que les codes sont écrits pour être accessibles à tous : chacun peut voir, modifier et distribuer le code à sa convenance. Ce type de logiciel est développé de manière collaborative, participative et décentralisée. La communauté est bénéficiaire et architecte des outils. Chacun améliore et corrige les bugs, ainsi tout l’écosystème s’en trouve renforcé. C’est dans ce cercle vertueux basé sur l’entraide pour le bien commun que les technologies numériques sont développées. Les valeurs portées sont la transparence et la fiabilité. La communauté étant active, les codes sont sans cesse améliorés et vérifiés par les programmeurs. Ils sont ainsi vivants au lieu d’être figés et fermés au public.

Le web est (re)décentralisé. Il n'est plus dominé ni modelé par quelques grandes entreprises selon leurs propres intérêts mais est distribué à travers un réseau d’instances indépendantes. Les réseaux distribués, les technologies pair à pair (P2P), les applications décentralisées (dApps) et les réseaux fédérés se sont multipliés. Le web est résilient, il est moins vulnérable à la censure, aux coupures de service et aux attaques, car il n’y a pas de point unique de vulnérabilité pouvant compromettre l’ensemble du réseau. Si par le passé les plateformes et services centralisés collectaient et stockaient souvent de grandes quantités de données personnelles, pouvant être accessibles et utilisées par des tiers sans que l’utilisateur en ait connaissance ni y ait consenti. Aujourd’hui les systèmes décentralisés permettent un meilleur contrôle des données personnelles puisqu’elles sont distribuées sur plusieurs instances. Il n’y a plus d’hégémonie enfermant les utilisateurs sur quelques rares plateformes les contraignant à accepter des conditions d’utilisation permettant l’exploitation de leurs données à des fins d’influences commerciales voire politiques. On peut choisir de ne pas adhérer à une plateforme dont on juge qu’elle n’a pas un modèle économique respectueux sans être d’office mis de côté.

Ainsi en 2050, grâce au numérique citoyen, respectueux de l’humain et de l’environnement, chacun peut s’émanciper, retrouver de l’autonomie et de la liberté dans ses pratiques numériques. L’architecture digitale favorise la collaboration, le partage des connaissances et l’esprit critique. Loin du capitalisme de surveillance, le numérique est un commun contribuant à construire un monde convivial, respectueux et agréable à vivre.
Nous sommes en 2050, l’être humain est conscient de la fragilité de la planète et de la finitude des ressources naturelles. Le modèle économique repose sur la collaboration, l’autonomisation et le respect de l’environnement. Pour le numérique, la même approche est adoptée : les services sont développés selon une démarche socio-technique. Les technologies digitales n’encouragent pas la consommation de masse et ne sont plus designées pour rendre ses utilisateurs dépendants. S’il n’est pas souhaitable ou nécessaire pour un domaine d’être numérisé, il ne l’est pas. L’approche adoptée dans le développement des technologies est inclusive et respectueuse de la vie privée, les logiciels sont libres et respectueux de l’environnement.

Seules des technologies respectueuses de l’environnement sont développées. La durée de vie des équipements est favorisée, toute forme d’obsolescence programmée qui pousserait à racheter de nouveaux appareils, a été abandonnée. La durabilité des technologies est devenue centrale dans les processus de conception et de fabrication. Pour cela, les services proposés sont accessibles à tous les usagers : ceux qui possèdent des appareils anciens, tout comme ceux qui possèdent des appareils d’entrée de gamme. Les équipements digitaux sont optimisés pour les conditions d’usage les plus difficiles (faible accès au réseau, peu de puissance de calcul, de mémoire, etc.). Le processus et les choix de conception sont documentés afin de faciliter la maintenance des services développés. Les ressources consommées sont précisément évaluées grâce à des méthodologies comme l'analyse du cycle de vie.
Verrou 1 : l'effet rebond
Développer des outils qui consomment individuellement moins n’a pas nécessairement un impact final positif si les outils en question sont développés plus massivement qu’avant et qu’ils remplacent des outils déjà fonctionnels. En effet, la production de nouveaux appareils est très souvent plus polluante et nécessite davantage de ressources naturelles que l’utilisation d’outils déjà produits un peu moins eco-friendly.

Projets associés (détails avec le bouton Projets) :
Verrou 2 : invisibilisation de la pollution du secteur du numérique
L’extraction des métaux rares nécessaire à la production des ordinateurs et téléphones portables n’est pas visible. Elle s’effectue à l’étranger, dans les campagnes, loin du public. Pourtant elle pose des problèmes sociaux et environnementaux, dénoncés notamment par Aurore Stephant, ingénieure géologue minière.
N’ayant d’ordinaire qu’une vague idée de comment fonctionnent les infrastructures numériques, il est facile d’oublier que l’utilisation d’outils numériques consomme des ressources. Nous pouvons penser aux data centers qui sont extrêmement polluants et méconnus, ils ne sont pas présents dans notre paysage quotidien donc nous les oublions.

Projets associés (détails avec le bouton Projets) :
Verrou 3 : les formations centrées sur le high-tech
Pas de formation pour l’éco-conception, que des formations aux nouvelles technologies plus performantes mais pas plus durables.

Projets associés (détails avec le bouton Projets) :
  • Formations centrées sur la soutenabilité et la durabilité des dispositifs techniques (ex : Hutech)
  • Mise en place de formation lownum à l'UTC (IS03)
L’attention humaine n’est plus considérée comme une ressource à exploiter. Le droit à la protection de l’attention est inscrit au côté des droits de la personnalité dans le Code civil. Les enfants grandissent loin des écrans leur évitant ainsi des retards cognitifs avec notamment un développement du langage perturbé, des troubles de la concentration et du sommeil. Des havres de déconnexion sont apparus en ville, comme les jardins partagés ou les terres d’écologies populaires. Ces lieux ont été encouragés par des politiques urbaines qui ont aussi décidé de libérer la rue des espaces publicitaires au profit de la création d’espaces de partage. La valeur propre de l’attention est défendue libérant un nouvel horizon d’épanouissement.
Verrou 4 : les algorithmes de recommandation et récolte de données personnelles
Les algorithmes utilisés par les médias sociaux notamment amènent un cercle vicieux : plus on utilise le logiciel, plus des données sont récoltées. Ces dernières sont soit directement vendu à des data brokers, soit utilisées pour faire de la publicité ciblée, et donc pousser l’utilisateur à passer plus de temps à consommer plus le contenu adapté et personnalisé.


Projets associés :
  • Sensibilisation au danger lié à l’exploitation de l'attention (addiction, manipulation, surveillance)
  • Plateformes alternatives ne récoltant pas de données (ex : Mastodon, Framapad, etc.)

Voir aussi les plus loin les verrous 5 et 6
L’accélération de la vie, étudiée par Hartmut Rosa, qui était ressentie notamment à cause des plateformes numériques exploitant l’attention et permettant une immédiateté omniprésente s’est dissipée en même temps que ces plateformes. En effet, au cours de l’époque moderne et contemporaine, avec les technologies de l’information entre autres, le rythme du changement social s’était accéléré et avait conduit à des mutations qualitatives dans notre perception de la réalité sociale. Dans cette nouvelle réalité plus ralentie, les citoyens ont donc plus de temps libre pour se consacrer à ce qu’ils aiment. Pour mettre fin à l’impératif de l’immédiateté, facteur d’une accélération aliénante, de nouvelles manières d’interagir en ligne se sont développées. L’immédiateté n’est plus le mot d’ordre et le ralentissement général permet aux utilisateurs redécouvrir l’expérience de la sérendipité par exemple.

Les fonctionnalités comme l’auto-play, les notifications ou le scroll à l’infini visant à capter l’attention de l’utilisateur et à le garder en ligne le plus longtemps possible ne sont plus autorisées et n’ont d’ailleurs plus lieu d’être. En effet, les plateformes ne reposent plus sur un système économique exploitant l’attention. Les données comportementales autrefois utilisées à des fins d’influence commerciales ou politiques n’existent plus. Ces données ne sont tout simplement plus récoltées et auraient de toute manière perdu en valeur, puisque le système économique ne repose plus sur la publicité, et en pertinence, car les utilisateurs ne passent plus autant de temps en ligne.
Verrou 5 : le scroll à l’infini et l'auto-play, des mécanismes vicieux
Avec le scroll à l’infini, l’utilisateur ne voit pas le temps passé et on lui présente indéfiniment des contenus qui pourraient lui plaire. Il en va de même pour l’auto-play qui invite à visionner un contenu sans l’avoir consciemment choisi en cliquant sur le contenu. Cela conduit à être perpétuellement dans l’immédiateté puisque tout se passe instantanément. Le temps passé “malgré soi” en ligne couplé à une immédiateté permanente conduit à un sentiment de temps qui disparaît et d’une vie qui s’accélère.

Projets associés :
  • Slow Web
  • Conférence, atelier pour prise de conscience
  • Limite de temps d’utilisation de certains sites web ou applications

Voir aussi plus loin le verrou 6
La vie privée de l’utilisateur est respectée, il n’est pas surveillé en permanence. Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) est devenu l’Interdiction Générale de la Récolte des Données Personnelles (IGRDP) et place la responsabilité du respect de cette prohibition sur le fabricant de technologie. L’article 25 prévoyant l’« interdiction de la récolte des données personnelles dès la conception » est toujours respecté évitant ainsi une collecte de données personnelles massive.
Verrou 6 : la rémunération des entreprises du numérique
La rémunération des entreprises du numérique (GAFAM notamment) est basée sur la récolte massive de données, on parle de capitalisme de surveillance.

Projets associés :

- Changement de paradigme : plus de gratuité, abonnement mensuel, dons (ex : Mastodon, Wikipedia,
Polite)
Les logiciels sont tous libres, c’est-à-dire que les codes sont écrits pour être accessibles à tous : chacun peut voir, modifier et distribuer le code à sa convenance. Ce type de logiciel est développé de manière collaborative, participative et décentralisée. La communauté est bénéficiaire et architecte des outils. Chacun améliore et corrige les bugs, ainsi tout l’écosystème s’en trouve renforcé. C’est dans ce cercle vertueux basé sur l’entraide pour le bien commun que les technologies numériques sont développées. Les valeurs portées sont la transparence et la fiabilité. La communauté étant active, les codes sont sans cesse améliorés et vérifiés par les programmeurs. Ils sont ainsi vivants au lieu d’être figés et fermés au public.
Verrou 7 : des usages ancrés
Les usages sont ancrés : tout le monde cherche la simplicité, la gratuité. Les outils en place familier, déjà maîtrisés ainsi on continue inlassablement à les utiliser malgré leurs défauts.

Projets associés :
  • Formation à l’utilisation d’outils respectueux (ex : à l’école, les outils informatiques utilisés sont obligatoirement libres, réseaux d’éducation populaire Framasoft)

Voir aussi le verrou 6
Le web est (re)décentralisé. Il n'est plus dominé ni modelé par quelques grandes entreprises selon leurs propres intérêts mais est distribué à travers un réseau d’instances indépendantes. Les réseaux distribués, les technologies pair à pair (P2P), les applications décentralisées (dApps) et les réseaux fédérés se sont multipliés. Le web est résilient, il est moins vulnérable à la censure, aux coupures de service et aux attaques, car il n’y a pas de point unique de vulnérabilité pouvant compromettre l’ensemble du réseau. Si par le passé les plateformes et services centralisés collectaient et stockaient souvent de grandes quantités de données personnelles, pouvant être accessibles et utilisées par des tiers sans que l’utilisateur en ait connaissance ni y ait consenti. Aujourd’hui les systèmes décentralisés permettent un meilleur contrôle des données personnelles puisqu’elles sont distribuées sur plusieurs instances. Il n’y a plus d’hégémonie enfermant les utilisateurs sur quelques rares plateformes les contraignant à accepter des conditions d’utilisation permettant l’exploitation de leurs données à des fins d’influences commerciales voire politiques. On peut choisir de ne pas adhérer à une plateforme dont on juge qu’elle n’a pas un modèle économique respectueux sans être d’office mis de côté.
Verrou 6 (à nouveau) : la rémunération des entreprises du numérique
La rémunération des entreprises du numérique (GAFAM notamment) est basée sur la récolte massive de données, on parle de capitalisme de surveillance.

Projets associés :

- Changement de paradigme : plus de gratuité, abonnement mensuel, dons (ex : Mastodon, Wikipedia,
Polite)
Verrou 7 (à nouveau) : des usages ancrés
Les usages sont ancrés : tout le monde cherche la simplicité, la gratuité. Les outils en place familier, déjà maîtrisés ainsi on continue inlassablement à les utiliser malgré leurs défauts.

Projets associés :
  • Formation à l’utilisation d’outils respectueux (ex : à l’école, les outils informatiques utilisés sont obligatoirement libres, réseaux d’éducation populaire Framasoft)
Ainsi en 2050, grâce au numérique citoyen, respectueux de l’humain et de l’environnement, chacun peut s’émanciper, retrouver de l’autonomie et de la liberté dans ses pratiques numériques. L’architecture digitale favorise la collaboration, le partage des connaissances et l’esprit critique. Loin du capitalisme de surveillance, le numérique est un commun contribuant à construire un monde convivial, respectueux et agréable à vivre.

Avant-projets / idées de projets en réaction aux verrous

  1. Verrou 1 : l'effet rebond

    Développer des outils qui consomment individuellement moins n’a pas nécessairement un impact final positif si les outils en question sont développés plus massivement qu’avant et qu’ils remplacent des outils déjà fonctionnels. En effet, la production de nouveaux appareils est très souvent plus polluante et nécessite davantage de ressources naturelles que l’utilisation d’outils déjà produits un peu moins eco-friendly.
  2. Verrou 2 : invisibilisation de la pollution du secteur du numérique

    L’extraction des métaux rares nécessaire à la production des ordinateurs et téléphones portables n’est pas visible. Elle s’effectue à l’étranger, dans les campagnes, loin du public. Pourtant elle pose des problèmes sociaux et environnementaux, dénoncés notamment par Aurore Stephant, ingénieure géologue minière.
    N’ayant d’ordinaire qu’une vague idée de comment fonctionnent les infrastructures numériques, il est facile d’oublier que l’utilisation d’outils numériques consomme des ressources. Nous pouvons penser aux data centers qui sont extrêmement polluants et méconnus, ils ne sont pas présents dans notre paysage quotidien donc nous les oublions.
  3. Verrou 3 : les formations centrées sur le high-tech

    Pas de formation pour l’éco-conception, que des formations aux nouvelles technologies plus performantes mais pas plus durables.
  4. Verrou 4 : les algorithmes de recommandation et récolte de données personnelles

    Les algorithmes utilisés par les médias sociaux notamment amènent un cercle vicieux : plus on utilise le logiciel, plus des données sont récoltées. Ces dernières sont soit directement vendu à des data brokers, soit utilisées pour faire de la publicité ciblée, et donc pousser l’utilisateur à passer plus de temps à consommer plus le contenu adapté et personnalisé.
  5. Verrou 5 : le scroll à l’infini et l'auto-play, des mécanismes vicieux

    Avec le scroll à l’infini, l’utilisateur ne voit pas le temps passé et on lui présente indéfiniment des contenus qui pourraient lui plaire. Il en va de même pour l’auto-play qui invite à visionner un contenu sans l’avoir consciemment choisi en cliquant sur le contenu. Cela conduit à être perpétuellement dans l’immédiateté puisque tout se passe instantanément. Le temps passé “malgré soi” en ligne couplé à une immédiateté permanente conduit à un sentiment de temps qui disparaît et d’une vie qui s’accélère.
  6. Verrou 6 : la rémunération des entreprises du numérique

    Les usages sont ancrés : tout le monde cherche la simplicité, la gratuité. Les outils en place familier, déjà maîtrisés ainsi on continue inlassablement à les utiliser malgré leurs défauts.
  7. Verrou 7 : des usages ancrés

    Les usages sont ancrés : tout le monde cherche la simplicité, la gratuité. Les outils en place familier, déjà maîtrisés ainsi on continue inlassablement à les utiliser malgré leurs défauts.
Avant-projet pour verrou 1 : l'effet rebond LIEN
Intention rapide
Pour éviter l’effet rebond de l’éco-conception, il faut veiller à développer des outils compatibles avec l’ancien pour pouvoir faciliter la réutilisation et ne pas devoir produire à nouveau et ainsi polluer davantage. S’il s’agit de nouveaux objets, il faut qu’ils remplacent des objets non-fonctionnels. Les mots-clés sont : réutilisation, réparation, amélioration de l’existant, juste-nécessaire.

Des initiatives soutiennent déjà cette vision, comme Fairphone. L’entreprise néerlandaise produit des téléphones faits pour durer et être réparés. Ils sont garantis 5 ans. Aucune partie de leur téléphone n’est collée, tout est fait pour qu’il soit facile de le réparer avec un tournevis standard. Leur slogan : “A vous de le préserver”. De plus, ils sont engagés dans le recyclage des déchets électroniques et sont ainsi neutres en termes de déchets électroniques. Cette solution évite l’effet rebond car elle permet la durabilité des technologies, ainsi elle réduit inévitablement la quantité de téléphone portable produit à long terme.
Il existe pour les ordinateurs une initiative similaire : Framework. Ces ordinateurs sont totalement réparables et modulables.

La low-techisation du numérique plaçant la durabilité comme pilier de conception répond bien à la nécessité de consommer moins. De nombreux projets sont proposés par lownum, une activité pédagogique à l’intersemestre de l’UTC (API0051). Lownum propose des projets fictifs rendant le numérique plus modeste, écologique et moins invasif, comme Fedirepair. Il s’agit d’un site fictif, c’est un jeu de mot avec “fediverse” (désignant une fédération de serveurs formant un réseau social) et “repair” (signifie réparation en anglais). Ce site permettrait de fédérer les services de réparation d'appareils électroniques. Il s’agit d’un réseau permettant d'échanger des pièces, des méthodes de réparations, etc. Il proposerait aussi un service de recyclage des matériaux en revendant ou donnant des matières premières aux constructeurs des outils.

Acteurs repérés :
Avant-projet pour verrou 2 : pollution invisibilisée LIEN
Intention rapide
Pour lutter contre cette invisibilisation et sensibiliser le public aux impacts environnementaux du secteur numérique, l'association The Shift Project a par exemple développé une extension pour le navigateur Firefox : Carbonalyser. Cette extension traduit la navigation en consommation d'électricité et les émissions de CO2 associées. Pour cela, elle tient compte du terminal, de l’infrastructure du réseau et du datacenter utilisé pour transférer les données.

Des ateliers de sensibilisation pourraient également permettre une prise de conscience de la pollution numérique et susciter l’engagement des participants à agir de manière responsable, à réduire leur empreinte environnementale et à s’engager pour un autre numérique. Un tel atelier pourrait aborder les sujets suivants :

  • Les impacts environnementaux du numérique, tels que la consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de serre associées à la production et à l’utilisation de ces technologies.
  • Les moyens de réduire sa propre empreinte numérique, tels que l'utilisation de technologies éco-responsables, la réduction de la consommation de données et l’achat de produits électroniques durables.
  • Les initiatives et les entreprises qui s’efforcent de réduire leur impact environnemental, et comment soutenir ces efforts.
  • Les politiques et les réglementations en place pour lutter contre la pollution numérique et comment influencer leur évolution.

D’autres projets comme la création d’un label pour rappeler les impacts sur les emballages/notices d’utilisation des appareils numériques peuvent permettre d’agir sur ce verrou. Sur le modèle de l’éco-score, qui est un indicateur représentant l’impact environnemental des produits alimentaires, nous pourrions imaginer un indicateur représentant lui l’impact environnemental du secteur numérique. Le Green Code Label s’y apparente mais se limite à l’évaluation de la consommation des plateformes web et logiciels. Pour permettre la création d’un tel label il faudrait développer les méthodes d’analyse de l’impact du numérique sur l’environnement. L’analyse de cycle de vie de la messagerie Treebal est un exemple d’une telle méthode d’analyse.

Acteurs repérés :
  • The Shift Project (Pour une sobriété numérique)
  • L’association SystExt (Systèmes extractifs et Environnements)
  • GreenIT.fr (éco-conception web, lowtech numérique)
  • Green Code Label (label qui promeut l’éco-conception : valorise les sites à faible impact environnemental)
  • TEK4life (aide les organisations dans leur chemin de transition)
Avant-projet pour verrou 3 : formations centrées high-tech LIEN
Intention rapide
Les formations sont aujourd’hui concentrées à perpétuer un modèle de développement qui n’est pas viable. La remise en cause de ce modèle et la recherche de modèles alternatifs est notamment encouragée par le cursus Hutech. Dans le domaine du numérique, des formations sous licence libre existent pour se former aux impacts environnementaux du numérique. C’est le cas du MOOC de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique intitulé Impacts environnementaux du numérique. Cependant, il n’existe pas à notre connaissance de formation universitaire autour du numérique proposant des changements profonds de conceptions. Une telle formation impliquerait des remises en cause profonde ne se limitant pas à de simples questions d’optimisations. Elle pourrait, en s’appuyant par exemple sur la low tech, former entre autres à un numérique résilient assurant la durabilité et la réparabilité des systèmes. Elle conduirait à se poser des questions de fond : quels outils et quels services numériques souhaitons nous créer ? Pour quel idéal de société ?

Acteurs repérés :

Avant-projet pour verrou 7 : des usages ancrés LIEN
Intention rapide
Si les pratiques sont ancrées, une sensibilisation quant au conséquences de ces dernières peut permettre d’encourager à les changer. Simplement, avoir conscience du fait que les GAFAM exploite nos données et que le secteur numérique est ultra polluant ne suffit pas. Pour agir sur ce secteur, il est nécessaire de développer des alternatives à ces géants du web et de les faire connaître. En voici un panel :
  • Moteur de recherche : Qwant, Searx, DuckDuckGo
  • Service de mail : Protonmail, Tutanota, Thunderbird, FastMail
  • Système d’exploitation PC : GNU/Linux
  • Réseaux sociaux : Mastodon, Signal, Wire, VK, Gab
  • Suite bureautique : LibreOffice
  • Navigateur web : Firefox, Vivaldi, Brave, Tor
  • Solution de stockage en ligne : Nextcloud, CollaboraOnline, Resilio Sync, Framapad, Framaform, Framadate
  • Service vidéo : Peertube

À l’UTC, l’association Picasoft défend « une approche libriste, inclusive, respectueuse de la vie privée, respectueuse de la liberté d'expression, respectueuse de la solidarité entre les humains et respectueuse de l'environnement, notamment dans le domaine de l'informatique ». Pour sensibiliser à cette approche, elle propose des ateliers, des conférences et des émissions radio de sensibilisation, des formations aux outils numériques pour libérer ses usages et l’hébergement de services libres pour décentraliser.

Acteurs repérés :
  • Framasoft (réseau d’éducation populaire consacré aux logiciels libres, s’oppose au GAFAM en proposant des alternatives)
  • Deuxfleurs (association proposant des alternatives sobres et non-marchandes à WhatsApp, Slack, Gmail, Zoom et Google Drive)
  • Picasoft (association de l’UTC membre du Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, plus connu sous le nom de CHATONS)
  • La Quadrature du Net (association qui “promeut et défend les libertés fondamentales dans l’environnement numérique”)

Projets

Projet 1 : des médias sociaux qui vous veulent du bien

Projet 1 : des médias sociaux qui nous veulent du bien

Dans un objectif de soutenabilité, nous allons nous centrer à présent sur les médias sociaux. Depuis quelques années, une folie s’est emparée d’Internet : les médias sociaux. Il ne se passe plus un jour sans que nous soyons assaillis de tweets, messages, images, vidéos, et nous nous retrouvons noyés dans ce brouhaha. Ainsi, il s’agit d’un enjeu majeur à étudier dans le cas de notre récit.

Le terme média social est assez flou et regroupe une multitude d’outils. Il désigne l’ensemble des plateformes et applications web ayant des fonctionnalités dites “sociales” pour ces utilisateurs, soit la création, la publication de contenus et l’échange d’informations entre individus dont les profils peuvent être connectés entre eux. Ils regroupent ainsi à la fois les réseaux sociaux, les sites de partage photo ou vidéo, les blogs, les messageries instantanée, etc. Les médias sociaux actuels les plus populaires et largement utilisés sont notamment Facebook, Instagram, Twitter. La plupart sont gratuits et nécessitent seulement de créer un compte. Certains proposent un accès payant avec des fonctionnalités améliorées. Leur modèle économique est basé sur la publicité ciblée, la revente des données personnelles et les abonnements payants.

Ces derniers posent de nombreux problèmes de confidentialité/utilisation des données, des problèmes d’addiction, de diffusion de discours haineux, de création de bulle de filtre.

Les verrous :

  • Verrou 4 : les algorithmes de recommandation et récolte de données personnelles. Les algorithmes utilisés par les médias sociaux notamment amènent un cercle vicieux : plus on utilise le logiciel, plus des données sont récoltées. Ces dernières sont soit directement vendu à des data brokers, soit utilisées pour faire de la publicité ciblée, et donc pousser l’utilisateur à passer plus de temps à consommer plus le contenu adapté et personnalisé.
  • Verrou 5 : le scroll à l’infini/auto-play, des mécanismes vicieux. Avec le scroll à l’infini, l’utilisateur ne voit pas le temps passé et on lui présente indéfiniment des contenus qui pourraient lui plaire. Il en va de même pour l’auto-play qui invite à visionner un contenu sans l’avoir consciemment choisi en cliquant sur le contenu. Cela conduit à être perpétuellement dans l’immédiateté puisque tout se passe instantanément. Le temps passé “malgré soi” en ligne couplé à une immédiateté permanente conduit à un sentiment de temps qui disparaît et d’une vie qui s’accélère.
  • Verrou 6 : La rémunération des entreprises du numérique. La rémunération des entreprises du numérique (GAFAM notamment) est basée sur la récolte massive de données, on parle de capitalisme de surveillance.

Population visée :
  • Tous les utilisateurs des médias sociaux.
  • ET/OU Les membres d’un groupe (associations, écoles, familles, etc.)

Objectifs visés :
  • Le partage d’informations en ligne
  • Pas de récolte de données personnelles
  • Utilisation raisonnée, pas d’addiction : vérifiable par le temps passé par les utilisateurs dessus
  • Facile et intuitif, pour généralisation à tout le monde

Des solutions concrètes :
De multiples initiatives ont vu le jour pour contrer ces géants du numérique et proposer des alternatives plus soutenables. Or la généralisation des usages et l’échelle mondiale rendent plus difficile l'implantation de ces initiatives.

Pour parvenir à un média social souhaitable, plusieurs points paraissent nécessaires : la décentralisation et un changement de modèle économique des entreprises gérant les médias sociaux.

1) La décentralisation

Intéressons-nous à Mastodon, le “twitter décentralisé” aux 2,5 millions d’utilisateurs. Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk, Mastodon a gagné en popularité. En effet, par inquiétude face aux potentielles évolutions annoncées des politiques de modération de Twitter de nombreuses personnes ont migré vers Mastodon. Nellie Brière, conférencière et consultante en communications numériques et réseaux sociaux « invite les gens à y aller, ça ne coûte rien, et c’est un apprentissage qui est primordial pour envisager l’avenir du numérique. Ça ne va plus avec le GAFAM, et on n’est pas obligé de subir la tyrannie d’Elon Musk. » (cité par BENESSAIEH, Karim. “Bienvenue sur Mastodon, l’anti-Twitter”, La Presse, 03/11/2022 (article lu en ligne le 27/12/2022)).
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Mastodon montre que la décentralisation est possible : il est véritablement utilisé. C’est un réseau d’instances, c’est-à-dire un réseau de serveurs stockant les données publiées. Actuellement, il est constitué d’approximativement 4100 serveurs. Ainsi, ces derniers peuvent être auto-hébergés, ils sont à l’échelle locale, bien loin des immenses datacenters de Méta (entreprise possédant Facebook, Instagram, Whatsapp, etc.). Les multiples serveurs sont fédérés entre eux, en effet les instances sont capables de communiquer entre elles. Elles se connectent dès qu’un utilisateur d’une instance suit un utilisateur d’une autre instance : pour cela il lui suffit de connaître son identifiant (@utilisateur@instance) et le cliquer sur “le suivre à distance”. Aussi un utilisateur peut, s’il le souhaite ou que son instance ferme, transférer son compte dans une autre instance.
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Schéma du réseau d’instances de Mastodon

Cette décentralisation permet de garder le contrôle de ses données (verrou 4). Plusieurs mécanismes sont mis en place pour protéger ses utilisateurs. Une instance peut choisir de bloquer l’accès d’autres instances si elle n’adhère pas aux propos diffusés, par exemple. Elle peut bannir un utilisateur de son instance. Elle peut même choisir de rester isolée, créant ainsi un réseau social local (pour une famille, une entreprise, une institution, etc.). Plusieurs paramètres de confidentialité sont possibles : visible seulement par les personnes mentionnées, visible uniquement par les abonnés, où totalement public. Une particularité de Mastodon est qu’il n’est pas possible de citer un message d’un autre utilisateur : cela limite largement les comportements haineux qui mène à un acharnement sur un utilisateur en tant de désaccord. De plus, il n’est pas possible de chercher une chaîne de caractères dans l’ensemble des messages postés. La recherche ne se fait que sur les hashtags. Ainsi, l’utilisateur à le choix d’inclure ou non des mots-clés avec des hashtags dans son message.
De plus, sur Mastodon il n’y a pas d’algorithme de recommandation : apparaissent sur le fil d’actualité que les publications des utilisateurs suivis par ordre chronologique, sans autre hiérarchisation, ni distinction. Les contenus les plus populaires ne sont pas mis en avant. Ainsi, les mécanismes addictifs sont largement limités (verrous 4 et 5).

2) Le changement du moyen de rémunération, du modèle économique

La décentralisation en de nombreuses petites unités permet aussi de répartir les coûts liés au stockage des données entre davantage de personnes. En effet, Mastodon ne repose pas sur des publications publicitaires, il n’y en a aucune, mais sur des donateurs pour assurer l’entretien des serveurs (verrou 6). Le réseau prône une éthique non commerciale et attentive à ses utilisateurs.

Ainsi, Mastodon constitue une alternative libre et transparente aux réseaux sociaux ultra-centralisés et captifs des multinationales. Cependant cette solution n’est pas miracle et possède des faiblesses.

Les limites :
Tout d’abord, le problème de la modération se pose. En effet, Mastodon étant composé de multiples petites entités, il ne possède pas de charte générale de modération. La responsabilité est individuelle : la modération se fait à l’échelle de l’instance, c’est l’administrateur qui fait la loi sur son serveur. Aussi, la modération étant faite par l’administrateur, ce dernier peut décider de bannir quelqu’un simplement car il ne possède pas les mêmes opinions politiques que lui, créant ainsi des bulles d’opinion. Les bulles d’opinion déjà présentes sur les réseaux sociaux classiques avec les algorithmes de recommandation, sont un phénomène dangereux car elle empêche la confrontation des points de vue encourageant donc la radicalisation et la polarisation des opinions.

De plus, les serveurs très populaires, comme mastodon.social, sont lents car ils ne sont pas dimensionnés pour des dizaines de milliers d’utilisateurs.

La modération à l’échelle de l’instance pose un autre problème : la sécurité. En effet, les administrateurs d’instances ont accès aux messages privés et aux mots de passe de tous les utilisateurs de leur instance. Il est donc impératif que l’administrateur soit bien intentionné et digne de confiance.

Enfin, le modèle économique de Mastodon est-il viable à grande échelle? Il repose sur les dons des utilisateurs et partisans des logiciels libres. Or, la majorité des personnes étant habituée à accéder aux services des réseaux sociaux gratuitement, on peut se demander si tout le monde serait prêt à contribuer avec une faible cotisation régulière.

Application à une entité particulière, l’UTC :
Imaginons qu’un serveur Mastodon soit créé à l’UTC. Il pourrait être utilisé pour permettre à l’administration de transmettre des informations à l’ensemble des élèves, mais aussi permettre aux élèves de communiquer en eux sous le même principe que le groupe Facebook UTC=). Cette instance pourrait être privée : seuls ses membres auraient accès aux publications et pourraient participer.
Mastodon semble totalement adéquat à premier abord, cependant, les usages ancrés et les habitudes rendraient le changement compliqué. L’avantage de Facebook pour UTC=) est que bien souvent les élèves possèdent déjà un compte et l'utilisent, ainsi tout est au même endroit. Pour résoudre ce verrou, une solution pourrait être de sensibiliser les élèves avec des conférences expliquant les dangers des médias sociaux type GAFAM. En effet, la prise de conscience de certaines pratiques permet d’accepter plus facilement le changement.

Acteurs potentiels pour ce projet :
  • Mastodon
  • L’administration de l’UTC, dont la DSI et le responsable informatique du BDE
  • Stéphane Crozat, enseignant-chercheur de l’UTC défendant le libre et la décentralisation
  • Picasoft, association de l’UTC, CHATONS qui défend une approche libriste et respectueuse de la vie privée

Ressources :
Projet 2 : un observatoire participatif

Projet 2 : un observatoire participatif

Pour incarner les principes de notre utopie et réfléchir aux manières concrètes d’agir sur certains verrous, nous avons pris la décision de réfléchir sur la base d’un projet d’observatoire participatif déjà élaboré. En effet, s’il apparaît essentiel de créer de nouveaux outils conviviaux, l’adaptation de l’existant n’est du moins pas à négliger. Ce projet s’intéresse donc aux manières de travailler pour transformer les usages et faire advenir une sobriété numérique. Il nous apparaît plus facile de commencer avec un outil utilisé par un domaine (ici l’étude, la protection et la défense de la biodiversité) qui partage déjà les valeurs de préservation de l’environnement et du vivant. Il se trouvera ainsi déjà potentiellement sensibilisé à l’impact du numérique sur l’environnement, ou sera prêt à travailler pour réduire l’empreinte de celui-ci en transformant ses usages.

Ce projet d’observatoire participatif, nommé Vigie-Nature, est un programme de sciences participatives créé par le Muséum d’histoire naturelle. Il est animé par de nombreuses associations dont le travail est porté par des réseaux d’observateurs volontaires. Il regroupe différents observatoires permettant le suivi d’espèces variées comme les escargots, les papillons, les libellules, les insectes pollinisateurs, les chauves-souris, les plantes sauvages des villes ou les oiseaux. Ces observatoires permettent de recueillir des données de terrain essentielles aux scientifiques pour enrichir les connaissances sur la biodiversité. Ils servent aussi à évaluer l’impact des réponses mises en place par les politiques publiques pour conserver la biodiversité. Les données transmises servent un double objectif scientifique et politique. Scientifique d’abord, parce qu’elles aident les scientifiques à décrire les changements que subit la biodiversité. Ces variations sont analysées pour comprendre les différents mécanismes à l’œuvre et les pressions que les sociétés, à travers leurs pratiques agricoles ou d’urbanisation, exercent sur la biodiversité. Politique aussi, parce qu’elles contribuent « à rendre publique la crise que connaît actuellement la biodiversité par la production, à l’échelle nationale, d’indicateurs d’état et de scénarios d’évolution » ; à orienter les pratiques de gestion, en servant par exemple à répondre à une commande du Ministère en charge des Transports sur « l’effet des pratiques d’entretien des bords de routes (semis, fauches tardives ou plusieurs fauches par an) sur les insectes pollinisateurs » ; et à évaluer « l’efficacité des différentes politiques en réponse à aux pressions humaines (protection des espaces, changements des pratiques agricoles) ». La fiabilité des données transmises est donc essentielle pour servir ses missions et c’est là qu’intervient entre autres notre projet.
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Fonctionnement du réseau Vigie Nature
(https://www.vigienature.fr/fr/presentation-283)

Les verrous :
  • Verrou 2 : invisibilisation de la pollution du secteur du numérique. N’ayant d’ordinaire qu’une vague idée de comment fonctionnent les infrastructures numériques, il est facile d’oublier que l’utilisation d’outils numériques consomme des ressources. Nous pouvons penser aux data centers qui sont extrêmement polluants et méconnus, ils ne sont pas présents dans notre paysage quotidien donc nous les oublions.
  • Verrou 3 : les formations sont centrées sur le high-tech. Il existe peu de formations pour l’écoconception ou remettant en cause le progrès à tout prix, que des formations aux nouvelles technologies plus performantes mais pas plus durables.
  • Verrou 7 : les usages sont ancrés. Tout le monde cherche la simplicité, la gratuité. Les outils en place sont familiers et déjà maîtrisés, on continue ainsi inlassablement à les utiliser malgré leurs défauts.

Objectifs visés :
  • Faciliter les observations pour augmenter le nombre d’observations reportés (KPI)
  • Fluidifier le processus d’identification des espèces et ainsi contribuer à rendre les données récoltées plus fiables
  • Sensibiliser et fournir des informations aux publics concernant la biodiversité française
  • Sensibiliser aux impacts du numérique sur l’environnement et agir pour réduire cet impact

Zone visée :
  • Population bénéficiaire : Les chercheurs, la communauté scientifique, les enseignants, les ornithologues, entomologistes, botanistes, les gestionnaires d’espaces, les professionnels du monde agricole, les citoyens, les politiques et indirectement la biodiversité.
  • Zone géographique : La France.

Des solutions concrètes :
Afin d’élaborer notre projet, concentrons-nous sur un observatoire en particulier du programme Vigie Nature : l’observatoire « oiseaux des jardins ». Pour participer aux observations de celui-ci, le futur observateur doit se rendre sur leur site internet puis déclarer un jardin en France, prendre connaissance de la méthodologie d’observation en parcourant les instructions de l’onglet Participer : mode d’emploi. Il télécharge ensuite un document PDF destiné à être imprimé qui va lui servir de support pour compter le nombre d’oiseaux de chaque espèce pendant la période d’observation. C’est lui qui détermine cette période d’observation en respectant les critères transmis par l’observatoire.
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La fiche de comptage - support d'observation
(Participer - mode d'emploi - https://www.oiseauxdesjardins.fr/)

À son poste d’observation, il écrit au crayon sur sa feuille les oiseaux qu’il aperçoit, parce qu’il est physiquement à sa fenêtre. Enfin, il saisit ces données recueillies sur le formulaire du site. En développant une application ou un moyen de saisir directement facilement les données les observations deviendraient plus facile parce que plus directement accessibles. Cette facilité permettrait d’augmenter la fréquence et le nombre d’observations et donc la valeur statistique des données recueillies. Elle accompagnerait également à l’aide à l’identification des oiseaux en proposant des fiches d’aide à l’identification. En effet, si la fiche papier contient une image de l’espèce, elle ne permet pas d’accéder à de plus amples informations sur cette dernière si des doutes émergent lors de l’identification d’une espèce. Des aides de lever de doutes appelées « fiches confusions » et des « fiches espèces » avec la période où elle est présente, si elle est rare ou commune, son comportement, ses traits caractéristiques en vol ou posé sont disponibles en ligne mais pourraient être rendu plus directement accessible. Par exemple, lorsqu’une espèce d’oiseau est sélectionnée pour être ajoutée au comptage, nous pourrions afficher un message comme « attention peut être confondu avec nom d’espèce et nom d’espèce » ou une fiche confusion. En cliquant sur un nom d’espèce l’utilisateur ouvrirait immédiatement la fiche de l’espèce concerné.

L’application serait conçue de manière à optimiser l’utilisation des ressources (énergie, mémoire, etc.) afin de réduire son empreinte environnementale. Elle favoriserait l’efficacité énergétique en veillant à consommer le moins d’énergie possible, par exemple en minimisant son temps de chargement ou en optimisant son utilisation de la batterie sur les appareils mobiles. Cependant, jouer sur des variables d’optimisation ne serait pas suffisant. L’application permettra également de promouvoir différents comportements écologiques. D’abord parce que les utilisateurs de l’application seront amenés à mieux connaître la biodiversité qui les entoure et donc à encourager sa protection. Ces observateurs de la biodiversité sont souvent plus porteur de comportement écologique et il apparaît donc qu’ils seront plus aisément enclins à en apprendre davantage sur l’impact des outils qu’ils utilisent. L’application et le site internet pourront donc proposer un onglet « évaluation de l’empreinte de mon observation ». En cliquant sur cet onglet, un premier pas pour prendre conscience de cet impact autrement invisibilisé serait franchi (verrou 2). L’utilisateur pourrait alors se diriger vers un volet « apprendre à gérer frugalement mes données » ou « comment agir pour la sobriété numérique » qui lui donnerait des clés pour réduire son empreinte numérique (verrou 7). Il contiendrait, par exemple, des tutos pour reconditionner d’anciens ordinateurs et serveurs. Ces derniers pourraient être installés directement au domicile de l’observateur mais ce travail pourrait également se faire avec des associations collaborant avec le projet (celles déjà engagées avec l’observatoire, et d’autres, œuvrant pour la sobriété numérique si besoin) qui les hébergeait également et proposerait des formations en complément des tutos mis à dispositions (verrou 3). Cette initiative peut permettre à la fois de réduire l’empreinte du projet mais également de matérialiser le numérique et les données produites pour les observateurs. En effet, le numérique vient toujours en support d’autre chose. En intégrant ses enjeux à un projet concret, on contribuerait ainsi à sensibiliser le public à son impact sur l’environnement et, en intégrant l’apprentissage de nouvelles pratiques, on espère faciliter un changement des usages et une intégration des questions numériques dans le débat public. On œuvrerait ainsi à la construction d’un numérique citoyen.


Autres projets, acteurs et réponses existantes :
Il n’existe pas, du moins à notre connaissance, d’autres projets d’observatoire participatifs interrogeant ce qui leur sert de support à la collecte des données. Il existe cependant des applications permettant d’aider à l’identification des oiseaux. Merlin en est une qui recueille des informations au niveau mondial mais c’est une collecte de données qui ne contribue pas ensuite à de la recherche scientifique, elle sert uniquement à faire le travail d’identification proposé par l’application.
Les données collectées ne sont pas croisées avec des observations faites sur le terrain, il n’y a pas de méthodologie de recherche ni de restitutions faites au public sur l’état de la biodiversité. L’application utilise Visipedia, un projet académique de l’université américaine Cornell qui explore de nouvelles techniques de machine learning, pour construire son processus d’identification mais il n’y a pas de regard critique directement exercé sur les données collectées et dont les conclusions pourraient être partagées.

Ressources :