Enjeux & histoiredu projetSushi

L’ouverture d’Hutech, en 2012, a provoqué la conjonction de certains regards, démarches et compétences, qui ont tôt fait de donner l’idée de fabriquer des outils spécifiques pour le technologue que nous voulions former :

• Les concepts vus dans le cycle d’histoire des techniques, et notamment en HT04 (Les concepts de la technique) appelaient à être plus directement mis au service de l’ingénierie ;
• La mise en place d’un poly en DI05, et la formalisation des nombreux outils qui y sont enseignés, a permis de développer une méthode et des habiletés en termes de fabrication d’outils formels ;
• Quelques premiers projets et stages permettant de déployer le regard Hutech sur les techniques et les sociétés ont confirmé l’opportunité et la nécessité de mettre en place des outils Hutech.

Qu’est-ce qui fait qu’Hutech n’est pas un double cursus, c’est-à-dire ne se contente pas de juxtaposer deux types de connaissances (sciences et sciences humaines) ? Nous pouvons distinguer trois éléments de réponse :

• Le croisement de ces disciplines dans un même cursus, vers un même diplôme professionnalisant final (et pas juste une licence) produit nécessairement un effet d’intégration. Mais on pourrait aussi dire cela du tronc commun, et nous savons que cela ne produit pas d’effet à la hauteur des enjeux que nous considérons. Ce n’est donc pas suffisant ;
• La haute dose d’histoire et de philosophie des techniques implique en elle-même une diffusion de ces savoirs dans l’approche globale des étudiants-technologues : on ne fréquente pas impunément autant d’histoire et d’épistémologie des techniques, sans que cela ne vienne s’imposer dans les gestes d’ingénieur. Mais ce n’est pas tout à fait suffisant ;
• Il faut encore doter ces ingénieurs d’outils et de méthodes les rendant capables d’effectuer des gestes socio-techniques. Ces outils et méthodes font passer l’ingénieur du rôle d’intellectuel qui saurait voir et penser le socio-technique à celui de technologue qui sait concevoir et gouverner le socio-technique. Ils lui permettent d’opérationnaliser ses savoirs et valeurs.

L’idée a lentement suivi son cours jusqu’à rencontrer en 2017 des conditions favorables pour être mise en œuvre.

• L’arrivée décisive, en renfort et durant deux ans, de Nicolas Ponchaut, avec qui nous avions déjà créé par le passé deux prototypes d'outils (Fast du travailler et Tensions systématiques en organisation du travail).
• Une certaine stabilisation d’Hutech qui a permis de dégager un peu de temps ;
• Et l’obtention d’un financement Sorbonne Universités a achevé le processus de passage de l’idée au projet.

L’une des façons de présenter le projet consiste à dire qu’il s’agit de mettre une partie des sciences humaines au service direct de l’ingénierie : en instituant, à côté des déjà consacrées SPI (sciences pour l’ingénieur), de véritables SHI (sciences humaines pour l’ingénieur). Mais l’acronyme SHI est dur à porter, quelle que soit la façon de le prononcer. L’arrivée d’un financement SU (Sorbonne Universités) a permis d’encapsuler le tout de manière à contenir l’attentat poétique qui se préparait : le nom « Sushi » était trouvé, et a fini par rester.