En 2050, la
manière d’édifier est pensée à l’échelle locale. Elle s’adapte au contexte social, culturel et historique du lieu via un respect de l’architecture traditionnelle régionale et des monuments historiques. Elle s’adapte également au contexte géographique via l’usage de matériaux locaux et le respect de savoir-faire traditionnels. Chaque projet raconte un récit singulier et fait naître une opportunité de création architecturale à partir du contexte. Ainsi, les habitants se définissent à nouveau par leur ancrage spatio-temporel, lié à leur habitat et plus largement au territoire qu’ils forment et qu’ils partagent avec les habitants de leur communauté.
Les habitants s’identifient au lieu qu’ils habitent et qu’ils font vivre ensemble. Les espaces de vie sont décloisonnés et communicants afin d’encourager le partage de tâches et d’activités communes. Les matériaux sont choisis localement, et mis en œuvre par des artisans locaux. Le réemploi et le recyclage des matériaux sont pensés dès leur mise en œuvre afin de minimiser l’empreinte carbone de leur cycle de vie et d’anticiper leur changement d’usage
[Verrou 1 LIEN]. Les habitants participent également à la construction et à l'aménagement de leur territoire via des chantiers participatifs guidés par des artisans soucieux du partage et de la transmission de leurs savoir-faire. L’architecture permet ainsi de renouer un lien entre l’édifice et le lieu qui témoigne d’une volonté de construire durablement afin d’assurer la pérennité du bâtiment.
Chaque projet de construction s’insère à nouveau dans une continuité temporelle via une responsabilité intergénérationnelle. Les édifices sont conçus ou réhabilités à partir de l’existant hérité des générations passées, et pensés dans l’optique d'être transmis aux générations futures. La mixité fonctionnelle permet de donner plusieurs usages au bâtiment et d’adapter ceux-ci au besoin des habitants à travers le temps
[Verrou 2 LIEN]. Les bâtiments, qu’ils soient neufs ou anciens, sont confortables et conviviaux. L’ensemble du parc bâti a en effet fait l’objet d’une rénovation énergétique permettant de lutter contre les déperditions thermiques et de réduire drastiquement les consommations énergétiques. Un compromis a été trouvé entre la préservation du patrimoine et la préservation de l’environnement, afin de résoudre les problématiques esthétiques liées à la réhabilitation du bâti. Les bâtiments historiques abritent de nouveaux usages, de nouvelles fonctions et sont accessibles à tous. Libérés de leur mise sous cloche, ils font désormais partie de la quotidienneté
[Verrou 3 LIEN].
Les bâtiments ne présentant pas d'intérêt patrimonial sont également restaurés et rénovés énergétiquement. L’enveloppe du bâtiment et la structure primaire sont conservées lorsque cela est possible, afin de limiter les émissions de CO2 liées à la construction neuve. La maîtrise d’ouvrage travaille avec la maîtrise d’usage dans le but de restituer des logements souples, aménageables selon différentes configurations, en fonction du besoin des habitant, tout en restant dans l’enveloppe originelle des bâtiments.
Lorsque la réhabilitation est rendue impossible par la mauvaise qualité structurelle du bâti, la fin du cycle de vie du bâtiment est traitée précieusement. La déconstruction est privilégiée à la démolition. Des ateliers de reconditionnement et des lieux de stockage sont mobilisés en vue de donner une seconde vie aux matériaux. La conception de bâtiments neufs s’opère autour d’ateliers collectifs pour concevoir des espaces adaptés au mode de vie de chacun. Le bâti est composé de structures propices à la reconversion et le cycle de vie des édifices est pensé dès leur conception afin de faire évoluer leurs usages avec souplesse, entre conservation, restauration et réutilisation.
En 2050, la
manière d’habiter est pensée par l’habitant, elle n’est plus pensée par un promoteur, mais par un collectif qui habite le lieu. Elle s'adapte au contexte socioprofessionnel et culturel de ses habitants. Les citoyens n’habitent plus uniquement leurs logements mais s’approprient par la participation active à un collectif, l’espace public.
Le rapport de l’homme à son habitat, à évolué, il est désormais conscient de son écosystème d'habitation, de sa complexité, de ses implications dans d'autres systèmes, et de l’importance de l’équilibre de cet écosystème d’habitation. Parce que l’habitation s'étend au-delà du logement, les citoyens habitent le lieu d'exercice de leur profession, leur lieu d’éducation, leur lieu de loisir, la convivialité liée à l’habitat s’est propagée dans l’espace public, le citoyen de 2050 prend soin de sa ville de ses rues comme de son propre logement, il prend soin de son environnement car il en est une part vivante, impactante et impactée par la santé de son environnement.
L’espace public s’est densifié, les non-lieux ont été replacés au cœur des problématiques de réaménagement urbain. Les espaces abandonnés pour des raisons d’insalubrité, de non-droit ont été réhabilités, ils sont le nouveau cœur battant d’un quartier qui autrefois gangrénée reprend vie, retrouve son attractivité et son activité économique et culturel. Les couronnes périurbaines, cités dortoirs sont désormais de réelles communautés, des lieux d’habitation par la décentralisation et la multiplication des espaces culturels, d’activités, de soin, la convivialité a pu fleurir au cœur de ces espaces et entraîner la constitution de lieux d’habitation au sens plein du terme
[Verrou 2 à nouveau, volet culturel LIEN].
Les espaces muséifiés sont désormais des espaces de vies, le silence, la réserve sacrée qui leur étaient associés ont été remplacés par une curiosité bruyante et un rapport d’habitation, d’appropriation, les bâtiments anciens, éléments d’Histoire continuent de transmettre leurs récits tout en en permettant un nouveau dans un espace transformé, ouvert, accessible, adapté aux besoins actuels. Ces bâtiments impénétrables sont désormais des lieux de passage, de vie, d’éducation, d’habitation. Ce sont les urbanistes et les architectes qui en collaboration avec des historiens, des professeurs / éducateurs, les pouvoirs publics, des associations de quartiers, des architectes des bâtiments de France, des artisans qui ont pu réfléchir au potentiel des bâtiments historiques et patrimoines industriels aux possibilités de réhabilitation, pour transformer ces lieux inaccessibles et fermé en lieux d’activités culturelles, professionnelles, pédagogiques, rendant l’inaccessible connu et fréquenté
[Verrou 2 à nouveau, volet culturel LIEN].
Parce que chaque citoyen se doit d’être respecté dans son intégrité, les citoyens sont capables d’habiter décemment, les hommes n’habitent plus l’inhabitable misère de la rue, peu importe leurs moyens, ils ont un foyer et l’habiter dignement est un droit fondamental de la loi. Ce sont les urbanistes et les architectes en collaboration avec les pouvoirs publics, des sociologues, des structures de réinsertions et le corps médical qui ont pu réfléchir et mettre en place des solutions durables pour éradiquer la misère de la rue et proposer des logements temporaires d’urgences, des possibilités longues durées associés avec des possibilités de réinsertion professionnelle, permettant ainsi un changement durable de la situation assurant que chaque citoyen puisse habiter.
En 2050, la
manière de transmettre et protéger est pensée pour les générations futures. La protection ne revêt plus un enjeu touristique et économique. Les monuments historiques et les bâtiments anciens sont protégés dans le but d’être transmis, puis par la suite appropriés par les générations futures.
La réglementation n’est pas un frein mais un outil pour les urbanistes et les constructeurs. L’intervention en site protégé a évolué, il ne s’agit plus de mettre les bâtiments « sous cloche » mais de leur donner plusieurs vies
[Verrou 4 LIEN]. La législation met en avant une intervention raisonnée et scientifique tournée vers les besoins réels des habitants et pas seulement vers un intérêt esthétique ou historique. Elle propose des appuis techniques mais aussi des outils de concertation pour chaque projet en fonction des contraintes spatiales, énergétiques et historiques du site.
La manière de financer les projets de réhabilitation a aussi largement changé. Les collectivités investissent dans leur patrimoine pour qu’il reste vivant. Les lois pénalisent les constructions neuves faisant appel à des matériaux importés et à des savoir-faire standardisés au profit des artisans locaux. Afin de limiter l’artificialisation des sols ainsi que l’étalement urbain, les usagers sont sensibilisés à la rénovation et aux changements de mode de vie qu’elle impose (habitude de chauffage, de forme du bâti, d’organisation des espaces…).
Par le travail d’artisans locaux formés aux matériaux et aux techniques de la région, le patrimoine est pérennisé sans être figé. Chaque artisan fait vivre le matériau qu’il façonne et ce savoir-faire est transmis de génération en génération, de maître à apprenti mais aussi aux usagers des lieux. Ainsi, au-delà d’habiter le lieu, l’usager s’encapacite et prend conscience de l'œuvre dans laquelle il vit
[Verrou 5 LIEN].
Les politiques nationales sont tournées vers la fluidité des usages et des formes. Ainsi, un château qui était hier résidence des rois peut devenir aujourd’hui une école et demain une auberge pour les personnes sans-abris. Il s’agit de transmettre aux générations futures l’enveloppe du bâtiment, parfois sa structure mais surtout son histoire. Le bâtiment porte en lui-même ses nombreuses vies successives et la possibilité d’en écrire bien d’autres. Il n’est plus question d’abandonner un lieu dont la forme ne nous convient plus mais de le rénover et de lui donner un nouvel usage même lors des travaux. L’urbanisme transitoire est systématisé, un lieu ne reste jamais vide
[Verrou 6 LIEN].